II L’ASPECT POSITIF DE CE VECU :

Par l’imagination, la mémoire…

" Je suis habituée à ce silence, pour certains bruits l’imagination le cerveau suppléé quand on a eu la chance d’entendre et que l’on se souvient des bruits : quand je vois une file de voiture qui stoppe et redémarre, des branches d’arbres qui bougent avec le vent, des oiseaux, le ressac de la mer etc, j’ai l’impression de les entendre, tous ces bruits me reviennent spontanément en mémoire. En 40 ans ma famille s’est agrandie et je ne connais pas les voix de mes neveux, de mes cousins mais j’imagine le timbre d’après la morphologie de l’individu et je suis, paraît-il, assez bon juge. Quand tant de personnes se plaignent du bruit, je me dis, qu’après tout, je ne suis peut-être pas si mal partagée ! "

" Le côté positif, s’il y en a un ! même minime  aide à développer une faculté indépendante de la volonté, sorte de sixième sens qui soutient l’effort de s’ouvrir au monde sans l’entendre "

" J’ai entendu la musique autrefois, et tous les bruits, mais cela ne me manque pas… Seul avantage de la surdité : je n’entends plus le vacarme de ma rue, très passante (et très polluée) ni les passages de l’ascenseur. "

" Une alternative ou mieux encore un relais aux deux silences précédents : le silence intérieur ; ce n’est pas un repli sur soi, mais une sorte d’évasion, d’aventure intérieure. "

" Et puis il y a… le vrai silence… de ces silences où l’éternité passe – lorsque l’on boit au regard de l’autre, jusqu’à un silence d’émerveillement, de contemplation – d’un paysage, d’une œuvre d’art… de rencontre, de prière ". Bien sûr, ce silence-là, il reste ouvert… " " Si l’on sait écouter la " musique silencieuse " (dont il est si bien parlé en page 28 d’Ecouter d’avril)

ll’écoute intérieure " débouche sur une présence " est-il dit en cette page 28.

" Je tiens mon âme égale et silencieuse comme un enfant, un tout petit enfant contre sa mère " Psaume 130 – " Paix et confiance "

" La prière me permet de faire face à la vie quotidienne "

" le silence permet de prier, oh ! pas de réciter des formules mais de parler à Dieu de ce que l’on voit. " Voudrait " voir et entendre, le remercier, admirer sa création, lui demander aide, lui parler de ceux qui nous entourent, de ceux qu’on lui confie – essayer de comprendre ses paroles, sa Parole ".

" Le silence m’amène à une intériorité me procurant le calme et la paix de Dieu. Quand j’ai reçu tous ces bienfaits, je suis heureuse et il ne m’est plus possible de m’appesantir sur mes problèmes de surdité ou autres mais seulement remercier le Seigneur pour son aide et prier ou lutter pour et avec les autres qui n’ont pas encore découvert cela. J’ai vraiment besoin de beaucoup de silence pour pouvoir tenir et avoir une vie équilibrée."

" Un jour,
Si tout faisait enfin silence,
Si l’à-peu-près et le casuel se taisaient,
Et comme eux le rire du prochain,
Si la rumeur que font mes sens,
Cessait de m’entraver à mon réveil,
Alors, et sous les milles aspects de la pensée,
Je pourrais te penser jusqu’au bord de toi-même,
Te posséder, l’espace d’un sourire,
Pour t’épancher à travers toute vie,
En un remerciement. "
R.M. RILKE

Peu de temps avant son grand départ, Odette Lacour nous envoyait son dernier courrier avec cette salutation que nous faisons nôtre : " Bien fraternellement… et en silence ! "

L’équipe de rédaction

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