Pour une écoute confortable sur boucle magnétique.

 

Christophe vient d'installer une boucle magnétique dans le petit studio de sa tante. Il raconte à son grand-père ses difficultés et les remarques de sa tante ;

Christophe : Le plus long a été de passer le câble autour des pièces. J'ai déplacé les petits meubles pour le fixer derrière mais quand j’ai vu toute la vaisselle qui était dans le grand buffet, je me suis contenté de glisser le câble par derrière sans le fixer. Ça ne se remarque même pas !

Robert. : Et le branchement..?

C.: J'ai suivi exactement ton schéma. Seulement, quand j'ai eu fini, je me suis demandé comment vérifier que tout était correct. Heureusement, ma tante était impatiente de l'écouter et m'a rassuré tout de suite.

R. : C'est qu'avec une boucle, c'est nous qui sommes devenus handicapés ! Pour écouter ce qui s'y passe, il faut pouvoir capter le flux magnétique comme le fait la bobine des prothèses. Pour seulement 15 francs, j'ai acheté un petit capteur téléphonique à ventouse. Avec lui, je peux entendre tout ce qui ce passe sur une boucle, simplement en le branchant sur un ampli…

C. : N'importe quel ampli ?

R. : J'utilise un petit ampli à pile que je peux emporter partout mais, pour faire ton essai, tu peux très bien le brancher sur l'ampli hi-fi de ta tante.

C. : C'est un peu tard !

Maintenant qu'elle peut aller à sa cuisine sans perdre un mot de ses feuilletons préférés, ma tante trouve qu’avec la boucle elle entend mieux d’une oreille que de l’autre. Quand elle utilisait le collier, j’avais remarqué qu’elle le portait toujours un peu de travers, comme pour compenser.

R. : Son prothésiste a équilibré le réglage de ses appareils pour qu'elle retrouve la meilleure audition possible en position "M". Comme on n'utilise qu'une oreille pour téléphoner, il ne s'est pas trop inquiété de l'équilibrage en position "T" mais il suffit qu'elle lui parle de ce problème à sa prochaine visite.

C. : Je comprends ! Il doit y avoir si peu de personnes qui utilisent régulièrement une boucle magnétique… Mais quel est celui de ses appareils qui est bien réglé ?

R. : Il y a une norme (CEI 118-4) qui définit la valeur moyenne du champ magnétique dans les boucles. C'est un peu comme pour une sono qui doit permettre d'entendre confortablement mais sans excès.

C.: Comment savoir si notre boucle est dans la norme ?

R : Ça n’a pas d’importance, puisque ta tante est seule à s’en servir. Quand l'amplification de ses deux appareils sera bien équilibrée, elle réglera l’ampli à sa convenance pour que l’écoute soit agréable. Mais c'est comme avec ton baladeur, il ne faut pas exagérer la puissance, de peur de devenir encore plus sourde, surtout si elle écoute la télé plusieurs heures d’affilé.

Dans les réunions de la FCS, il n’y a pas ce risque puisque nos amis n’écoutent que des paroles, souvent discontinues. Ils semblent tous contents mais comment savoir si certains entendent plus fort que d’autres ? Et je n’ai pas encore eu l’occasion d’attirer leur attention sur le déséquilibre possible entre leurs prothèses.

C.: Comment se fait la commutation sur les prothèses ?

R.: Les schémas que j'ai réussis à me procurer ne t'apprendraient pas grand chose mais je vais te montrer les trois dispositions les plus fréquentes.

La première, très rudimentaire, utilise un simple inverseur qui relie l'ampli de la prothèse soit avec le micro, soit avec la bobine, sans position intermédiaire. Le pauvre malentendant qui passe en position "T" devient incapable d'entendre les sons extérieurs. Pour un couple, c'est la galère puisqu'on ne peut plus échanger la moindre parole.

D'autres appareils, d'usage beaucoup plus agréable, comportent une position intermédiaire permettant, si on le désire, d'écouter en même temps par le micro et par la boucle.

Enfin, une disposition qui existait depuis longtemps a été reprise sur des appareils numériques récents comme celui de ta grand-mère. . La position " M " ne met en service que le micro, tandis que la position " T " est, en réalité, une position "MT". Mais, ici, le prothésiste peut lui régler à volonté l'influence du micro. Avec trop de micro, elle est gênée par les bruits extérieurs, perdant l'avantage d'une boucle. Quand il n'y en avait pas assez, on en était revenu à la première variante et elle n'entendait pas la sonnerie du téléphone pendant une émission de télévision. Le "0" permet l'arrêt sans avoir à ouvrir le compartiment de la pile comme sur les appareils précédents.

C.: On peut choisir entre toutes ces variantes ?

R. : Non, hélas ! . Si les prothèses actuelles assurent une meilleure correction des défauts d'audition, c'est au prix de réglages minutieux exécutés à l'ordinateur. Malheureusement, le nombre de modèles est très important et leur conception différente. Pour assurer un meilleur service, chaque prothésiste ne propose à ses patients que les modèles qu'il connaît bien.

C : Il faudrait consulter plusieurs prothésistes, tout comme j'ai été dans plusieurs garages avant d'acheter ma voiture.

R. : Ta tante te dira qu'il faudrait "s'y connaître". En dehors des publicités racoleuses des magazines et celles plus simplistes de la télé, on ne sait rien des appareils. Je n'ai jamais vu de tests comparatifs, pas même une enquête demandant aux lecteurs le type de leurs prothèses, qui les leur à prescrit et s'ils en sont satisfaits.

C.: Te voilà bien sévère ! Que conseilles-tu à tes vieux copains qui deviennent un peu durs d'oreille ?

R. : D'abord de ne pas se laisser fourguer un intra minuscule qui ne leur permettra pas l'usage d'une boucle. Un appareil auditif coûte cher mais son prix inclus obligatoirement le service après vente. Alors il est logique d'aller chez l'audio le plus proche, celui à qui il est facile de demander un réglage autant de fois qu'il est nécessaire.

 

Robert J.P. Dufour ..Janvier 2000